Suivez les traces mythiques d’un président

Théodore Roosevelt, illustre président du début du 20è siècle, a façonné sa carrière dans les Badlands. Et il en a marqué l’endroit. Passage sur des terres arides, où deux figures tutélaires règnent en maitre.

  • C’est dans le Dakota du Nord que Roosevelt a développé sa fibre environnementale.
  • Cet État longtemps considéré « redneck » s’est relancé avec le pétrole.
  • Les terres arides et les formations rocheuses du coin ont pris le nom de « badlands ».
  • Ces territoires témoignent de la violence de la conquête de l’Ouest envers leurs primo-habitants.

Nous quittons Chicago fatigués par la ville. Nous n’en ferons rien de plus que notre vidéo sur Instagram. Parler de la ville, le lieu d’hébergement de la convention démocrate en août, la ségrégation encore visible dans une ville tout de même incroyable, tout ça est particulièrement bien écrit par des journalistes fin connaisseurs du sujet. Ici par exemple.

L’Ouest par les grandes plaines

Nos problèmes mécaniques avec Neko ne sont pas tous réglés mais nous partons quand même. Les grands espaces nous attendent. Sur notre parcours, nous avons dû supprimer la mort dans l’âme Isle Royale et Voyageurs. Ces derniers se trouvent à la frontière canadienne, à l’ouest de l’Ontario, et nous nous promettons de les visiter bientôt. Après l’Illinois, le Wisconsin présente ses forêts et ouvre la porte aux grandes plaines. Entre Fargo et Dickinson, les routes du Dakota du Nord montent et descendent en ligne droite. Inlassablement. Le Dakota du Nord est depuis vingt ans identifié sur la carte grâce à son gaz et son pétrole. Depuis l’invention de la fracturation hydraulique, l’État est passé de territoire redneck – les ploucs – à eldorado pour jeunes avides de richesse. « Drive big trucks, make big bucks » soutiennent les panneaux publicitaires. L’argent à portée de main. Malgré les fluctuations successives de la demande – et l’abandon d’un pipeline majeur par Joe Biden en 2021 -, c’est l’or noir qui tire l’économie du coin. Difficile d’en faire un projet de vie, mais les initiatives se multiplient pour pérenniser l’arrivée de nouveaux habitants.

La renaissance des bisons américains

Bien avant l’or noir, ce sont les bisons qui faisaient la richesse de ce territoire. Quand un certain Theodore Roosevelt, futur président des États-Unis, eut besoin de panser ses plaies – sa femme et sa mère sont mortes le même jour pour deux raisons différentes – il se retira dans un petit ranch pour chasser le bison et devenir cow-boy. À sa grande surprise, de bisons il n’y avait plus. Éliminés méthodiquement par des années de chasse effrénée, marquant la légende de certaines figures du far-west, à commencer par « Buffallo Bill » Cody, qui se vantait d’avoir abattu plus de 4 820 bisons. « En anglais, les mots buffalo et bison signifient la même chose, explique Lisa Sanden, ranger dans le parc Théodore Roosevelt. Buffalo c’est le langage courant, bison c’est le terme scientifique. » L’entreprise de destruction massive est bien moins glorieuse que la légende des westerns. « Le bison est intimement lié à l’histoire des tribus amérindiennes, raconte Serena Rosales, dans la réserve de Pine Ridge, attenante au parc des Badlands. Pour les Sioux Lakota, les bisons sont sacrés et participent à leurs rituels. Ils font partie de leur alimentation de base et chacune des parties du bison est utilisée. » Pour confectionner des armes, des outils, des vêtements, des objets du quotidien… Enfin, la viande de bison était vendue, constituant leur principale source de richesse. C’est simple : sans bison, aucune tribu ne pouvait subsister. Leurs terres, leurs coutumes et leurs vies leur ont été enlevées.

Faire sa marque et durer

Apaiser les souffrances et vivre ensemble est « on-going » comme ils disent ici. L’Amérique est forte pour se raconter des histoires, réinventer un narratif commun et le rendre inclusif. La réalité est souvent plus contrastée. Le local qui présente l’histoire des Native Americans est un bâtiment temporaire… depuis 20 ans. « Il faudra attendre que l’autre centre de visiteurs, situé au nord du parc, soit rénové en premier », soupire Serena. Les Tribus, bien que cantonnées à des réserves qui n’ont eu de cesse de voir leurs périmètres changer, votent. Pour leurs gouvernements tribaux, mais aussi pour les élections locales des comtés et des élections fédérales. « Bien-sûr que les gens votent ici, s’écrit Serena Rosales. C’est rouge partout autour, le Dakota du Nord et le Dakota du Sud votent majoritairement Républicain. Mais ici, on vote Démocrate! »

« Bien-sûr que les gens votent ici. C’est rouge partout autour, le Dakota du Nord et le Dakota du Sud votent majoritairement Républicain. Mais ici, on vote Démocrate!  »

Serena Rosales, ranger dans la réserve de Pine Ridge

Theodore Roosevelt a pensé son approche de la nature ici. Dans les Badlands, ce terme inventé par les pionniers français au 18è siècle : mauvaises terres. Pas d’eau, rien à manger et les rochers au sol coupent comme des scies, rendant le passage et le bivouac difficiles. C’est ici qu’il s’est rendu compte que l’équilibre de la nature en présence de l’homme était menacé. En 1912, il déclarait : « Il ne peut pas y avoir plus grande importance que la préservation. De la même manière que nous préservons nos hommes, femmes et enfants, nous devons préserver les ressources sur lesquelles elles et ils vivent. » Sous sa présidence, six parcs ont été créés et 18 monuments nationaux mis en place pour aider à préserver l’environnement. « Sans Théodore Roosevelt, le fait présidentiel pour créer un parc n’aurait pas existé, explique Lisa Sanden. La procédure au Congrès est longue. Roosevelt a ouvert la voie aux futurs présidents. » Le dernier en date : Pinnacles en Californie, officialisé par le Président Obama en 2013.


Nous prenons la route des motards, qui se réunissent en ce début du mois d’août à Sturgis dans le Dakota du Sud. Un rassemblement principalement blanc où Donald Trump a ses entrées. Au milieu de la semaine, il organise une réunion virtuelle avec leurs représentants. Au programme, le coût de la vie et l’inflation, l’indépendance énergétique où il aura ce mot extraordinaire: « Drill, baby, drill! Nous avons le meilleur pétrole du monde et Biden veut en acheter au Venezuela! » Un sujet que nous essaierons de présenter quand nous serons au Texas. Enfin, les taxes. Inflation et taxes, deux sujets qui nous suivent régulièrement. Et que nos futurs interlocuteurs évoqueront maintes fois.


La suite au prochain épisode, entre montagnes noires et Wyoming.


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