Sentir les embruns et les bouffées marines d’Acadia

Acadia, c’est la référence naturelle du nord-est des États-Unis. Le parc offre des panoramas uniques sur les eaux froides de l’océan Atlantique et une pause salvatrice à proximité de la mégalopole reliant Washington DC et Boston. Résumé d’un passage vivifiant en mai 2024.

Vivre à Montréal, c’est faire sans la mer. Les Québécois ne l’entendent pas de cette oreille et considèrent le fleuve Saint-Laurent comme étant « leur mer ». C’est vrai; au-delà de l’Île d’Orléans, les eaux de la grande rivière deviennent saumâtres puis salées et ressemblent à s’y méprendre aux côtes maritimes. Nous y allons parfois mais impossible en une fin de semaine de retrouver là le fracas des rouleaux, les phares perchés sur les falaises ou les plages de sable fin.

Cap sur le Maine

Depuis Montréal, le Maine est le cadre des littoraux les plus proches. Six heures de route pour rejoindre cet état côtier, célèbre pour ses couleurs en automne, ses homards pêchés en nombre et son île des Monts Déserts où se niche le parc national Acadia. C’est un bout du monde à sa manière. La route s’étrécie à l’approche de Trenton puis bascule en franchissant un court détroit qui sépare le continent de l’île. Partout, des panneaux invitent à déguster du homard, se loger en bord de mer ou rejoindre les sentiers du parc. Ses accès semblent cachés dans les territoires intérieurs jusqu’à Bar Harbour, une cité touristique qui dévoile discrètement ses riches demeures et son décor pittoresque de Nouvelle-Angleterre.

Un port, une porte sur la mer

Ce petit port de pêche, où se trouve un laboratoire de pointe pour la science du vieillissement et du rajeunissement étudiant les organismes marins , est la porte d’entrée du parc. À gauche avant les installations principales du centre biologique, une petite voie file entre les fougères et les bouleaux. Il est temps de baisser les vitres et de humer l’air marin. Une grande route à sens unique parcourt le site et longe les falaises de granit qui se jettent, grandioses, en un boucan étourdissant, dans l’océan. Premier arrêt : Sand Beach, et son sable fin.

Des trésors au pied des falaises

La plage est paisible. Au large des dunes, une ribambelle de bouées flotte au-dessus des vagues sombres. Un bateau de pêche croise tout proche. Les trois marins à bord retirent des casiers emplis de homards, une pêche miraculeuse qui se répète inlassablement. Les deux trésors de la région sont là réunis en un seul lieu. Le homard déjà, ce mets parmi les plus délicats des grandes tables mondiales. Un parc merveilleux jalonné de parois abruptes ensuite, d’où partent d’innombrables randonnées offrant une vue panoramique sur l’océan Atlantique et les îles qui tapissent la baie environnante. Grimper au sommet du Mont Cadillac par sa façade nord ou sud – notre préférée – est iconique. Au fil de la montée, le randonneur parcourt des chemins cahoteux, laisse progressivement derrière lui les conifères et découvre des plateaux tempétueux aux paysages maritimes insolents. Vestige d’anciens glaciers, le parc regorge de lacs cristallins, purs et clairs, qui servent de bassins d’eau potable pour les habitants des environs.

Porter une vision

Acadia regorge de surprises. Les varechs se confondent au bruit fracassant des vagues. La chaleur au sommet des Bubble, ces pics rocheux tout ronds, se comparent aux embruns rafraîchissants du bord de mer. Au sud de l’île, Bass Harbor est le pendant sobre et isolé de Bar Harbour. Ce village de pêcheurs paisibl est pourtant l’un des premiers ports de pêche au homard du Maine. C’est aussi le port de départ de plusieurs ferries, et le berceau d’un phare dont la splendeur illumine l’est américain. Carte postale absolue au coucher de soleil, sa lanterne rouge guide les embarcations à plus de 13 milles, soit 24 kilomètres, depuis sa construction en 1858.

Avant de repartir vers Montréal, les restaurants qui vendent des guédilles de homard sont légion. Des pickups livrent directement depuis le port, impossible de faire plus frais. Acadia s’éloigne derrière nous. Il s’agit peut-être du plus francophone des parcs américains. C’est ce que nous confirme Kim Eadie, ranger rencontrée au centre d’accueil des visiteurs. Francophone, elle renseigne les touristes dans la langue de Molière. Nous la questionnons sur un sujet précis et rapidement, elle nous raconte être saisonnière pour servir le parc d’avril à novembre, et enseignante le reste du temps.

Ce sont ces rencontres qui inspirent et guident The Neko Van Project. Acadia en mai 2024 sera certainement l’un des piliers de l’aventure. Et si tout va bien, ce sera le dernier parc que nous visiterons en décembre prochain. Nous y allons ensemble, d’un bout à l’autre, d’accord? Qui parie?


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